« La réalité sur le terrain est cauchemardesque »
Les réfugiés syriens, situés dans les camps, le long de la frontière avec la Turquie, sont actuellement les pieds dans les terres boueuses. Les conditions climatiques exceptionnelles viennent aggraver la situation humanitaire de dizaines de milliers de personnes en Syrie, au moment où l’aide internationale a été réduite, à cause des crises croissantes dans le Moyen-Orient.
Notre correspondant sur place, Muhammad, témoigne:
« Quand il pleut, les familles ont du mal à se déplacer. Parfois les routes en terre sont coupées entre les tentes, à cause de lapluie. La majorité des tentes sont vieilles et usées. L'eau pénètre à l'intérieur. Lorsqu'il pleut abondamment, le torrent peut pénétrer dans la tente. Il y a beaucoup de problèmes à cause de la boue ».
Nous espérons que des matériaux de chauffage appropriés seront sécurisés
Nous devons également fournir des couvertures et de nouveaux draps de tente
Et aussi de nouveaux vêtements d'hiver
La misère est bien plus cruelle sous la neige, pourraient confirmer les réfugiés syriens à Charles Aznavour. La vague de froid qui arrive ces jours-ci frappe des centaines de milliers de familles qui vivent sous les tentes ou dans des abris de fortune.
Le froid s’abat sur les camps du nord de la Syrie où vivent plus de 1,5 million de personnes dans des conditions très difficiles, mais aussi en Jordanie ou au Liban. Les images diffusées sur les réseaux sociaux par les habitants ou des ONG sur place se passent de tout commentaire. Telle la photo d’un enfant de moins de dix ans debout entre plusieurs tentes la nuit, les pieds nus dans ses claquettes sur le sol humide et froid. Des vidéos montrent les hommes et les femmes qui tentent, tant bien que mal, de réparer leurs tentes avant l’heure de se coucher pour les protéger au mieux du froid.
« Certains brûlent des vêtements, des pneus … »
En alertant sur les «conséquences catastrophiques» de ces conditions climatiques pour les populations vulnérables, l’ONG Care indique dans un communiqué : « La réalité que nous dépeignent nos collègues sur le terrain est cauchemardesque : ils nous ont rapporté le témoignage d’une femme qui disait ne pas dormir la nuit, car elle vérifiait sans cesse si ses enfants étaient toujours en vie ».
Les circonstances climatiques viennent aggraver une situation déjà alarmante au moment où l’aide humanitaire internationale pour les réfugiés syriens s’est réduite drastiquement. Toutes les agences internationales et les ONG opérant sur le terrain lancent des appels au secours. Dans la région d’Idlib, plusieurs structures de santé essentielles ont dû être fermées récemment en raison du manque de moyens de l’organisation médicale internationale qui les soutenait.
Muhammad souligne que « la nourriture, les médicaments et l’eau potable manquent cruellement. Pour tenter de se réchauffer, certains brûlent des vêtements, des pneus, des déchets et des ordures ce qui peut mettre en danger leur santé, avec des cas d'asphyxie et des départs d’incendies ».
« Mais où pourrions-nous aller si les tentes ne nous protègent plus ? » crie à la caméra une vieille dame, toute en noir au milieu du paysage tout blanc de neige et de brouillard. «Est-ce qu’un jour nous vivrons dans de vraies maisons ? » s’interroge la grand-mère syrienne dans le pays où plus de la moitié de la population a été déplacée par onze ans de conflit.
« Pour passer l'hiver dans de meilleurs conditions, nous espérons obtenir des matériaux de chauffage appropriés et sécurisés. Nous avons aussi besoin de couvertures, de vêtements chauds et de nouveaux draps de tente ».
Muhammad Elhuseyin, Co-fondateur d'Alma France Solidarité, Délégué Syrie
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